
"Les Batailles sont les bornes kilométriques de l'Histoire"
Patrick Ritt




L'épopée d'Alexandre le Grand

La mise en place des troupes au commencement de la bataille

Les manœuvres de cavalerie

La charge et la retraite des troupes indiennes
Bataille de l'HYDASPES en 326 avant J.C.
Introduction
Le royaume de Macédoine est créé en 358 avant J.C. lorsque le régent grec, Philippe II, se proclame roi. Au cours des premières années de son règne, et surtout grâce à la découverte de gisements aurifères, les troupes du petit état macédonien deviennent l'armée la plus grande et la plus efficace de toute la Grèce.
Grâce à son talent politique et à ses soldats bien entraînés suite à de nombreuses campagnes contre les voisins de Thrace et d'Illyrie, Philippe II étend son royaume vers la Grèce. Après sa victoire à Cheronée en -338, il impose aux cités grecques la création de la ligue hellénique. Essayant de rassembler les grecs dans une même croisade, il déclare la guerre à l'empire Perse, l'ennemi héréditaire, mais est assassiné en -336. A 20 ans, Alexandre III succède à son père.
La Campagne
Alexandre reprend le flambeau de la lutte anti-Perse et franchit en 334 av. J.C. l'Hellespont avec 40 000 hommes.
Débute alors une série de victoires lui permettant la constitution de son empire sur les cendres du grand empire de Perse : Granique (-334), Issos en (-333), siège de Tyr et de Gaza (-332), conquête de l'Egypte, fondation d'Alexandrie, Gaugameles (-331), prise de Babylone, prise de Persepolis (-330), campagne d'Afghanistan (-329), expédition en Bactriane (-328).
.En -326, Alexandre se lance vers l'Inde et va trouver sur sa route le roi indien Porus. La rencontre a lieu sur les rives du fleuve Hydaspes.
Les force en présence
Alexandre dispose d'une armée de 30 000 hommes. L'élément principal en est la phalange. Ces soldats lourdement protégés sont équipés d'une sarissa (pique) de 4,5 mètres de longueur. Cette formation avançant en ordre serré sur 16 rangs de profondeur dresse une véritable forêt de piques face à l'ennemi. Mais ces hommes marchant bouclier contre bouclier sont délicats à manœuvrer. Les hypaspists, la garde royale, sont armés de lances moins longues (3,6 m) et se déplacent en une formation moins serrée. Des hoplites grecs et des troupes légères thraces et scythes forment le restant du contingent de fantassin. La cavalerie lourde est l'arme préférée d'Alexandre. Elle est sa force de frappe et on le verra souvent charger à la tête de ses compagnons.
Le roi Porus est accompagné de 32 000 combattants. Ils portent le plus souvent un grand arc de la taille de l'homme, une épée longue maniée à deux mains et comme seule protection un bouclier pour les hommes au premier rang. L'infanterie et la cavalerie ne constituent pas un adversaire de taille. La cavalerie est accompagnée de plusieurs centaines de chars transportant jusqu'à six combattants. Mais ils sont lents et vulnérables aux armes de jet et nécessitent un terrain plat pour être efficaces. La vraie machine de combat des indiens reste l'éléphant de guerre. Porus dispose de deux-cents de ces animaux. Ils sont bien dressés et sont capables d'écraser n’importe quel ennemi dans leur charge furieuse. Mais une fois hors de contrôle, ils peuvent être tout aussi dangereux pour leurs alliés...
La bataille
Lorsque Alexandre arrive au fleuve Hydaspes, Porus bloque le gué. Après plusieurs feintes, il réussit à traverser par une nuit d'orage. Porus ordonne à son fils d'intercepter les macédoniens. Mais les 2 000 cavaliers indiens sont facilement repoussés, tandis que 120 chars se retrouvent bloqués sur le terrain boueux.
Les deux armées se déploient donc pour la bataille, l'infanterie indienne s'abritant derrière un mur d'éléphants.
Très rapidement, Alexandre avec ses compagnons et les cavaliers légers scythes harcèle puis charge la cavalerie de l'aile gauche adverse. Les renforts indiens de l'aile droite sont interceptés par l'escadron de Coenus ayant fait le tour du dispositif macédonien par l'arrière.
Les cavaliers indiens sont dispersés ou se réfugient derrière les éléphants. Ceux-ci sont lancés par Porus contre les phalanges. Alexandre réussi à empêcher ses cavaliers de poursuivre les fuyards et revient dans les arrières de l'infanterie ennemie. Il était temps car déjà certaines phalanges commencent à reculer face à l’assaut des lourds pachydermes. Mais les vétérans macédoniens montrent toute leur discipline en tenant bon.
Après une furieuse mêlée, l'infanterie de Porus est en déroute. Il doit rompre le combat. Les éléphants, devant la résistance des « murailles de piques », et pris entre deux fronts, finissent aussi par abandonner le champ de bataille.
Les pertes
Les indiens perdent près de 20 000 hommes, 3 000 cavaliers et tous leurs chars. Tous les éléphants ont été capturés. On les reverra ensuite dans de nombreuses batailles menées par les successeurs d'Alexandre.
Les macédoniens déplorent la perte de seulement 500 hommes.
Les conséquences
Alexandre va faire de Porus un allié et va continuer sa marche vers l'Est pour atteindre l'océan, qui selon les grecs de l'époque constituait la circonférence du globe. Mais ses soldats, désirant enfin profiter des fruits de huit ans de guerres et devant la crainte de devoir affronter des centaines d’autres éléphants, entrent en rébellion. Le macédonien entame donc une pénible retraite vers Babylone. Alors qu'il prépare plusieurs projets d'expédition, Alexandre est terrassé en -323 par une maladie soudaine. Sans successeur désigné, ses officiers les plus hauts en grade (Ptolémé, Seleucos, Antigonos, Cassandre...) vont s'affronter pendant vingt ans pour se partager l'empire.